En cette année 2020, le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent. Au moment du premier pic épidémique, des membres de l’EUPRERA (l’organisation européenne de recherche en communication stratégique) venus des 4 coins du monde, ont décidé d’instaurer une recherche pour comprendre : quels sens les citoyens donnent à cette crise ?
Le 19 novembre dernier l’Euprera a organisé un webinaire autour de la thématique” Com-covid” sur la plateforme Zoom.
La recherche de l’EUPRERA, qui tente de mettre en évidence la crédibilité de chaque canal et acteur de la crise, tourne autour de deux items principaux :
- Comment et par quels moyens nous nous informons ?
- Quels sont nos avis sur la gestion de la communication gouvernementale dans ce processus de diffusion ?
Elle été réalisée via la diffusion de questionnaires en ligne, rassemblant en moyenne 1000 répondants par pays. L’étude s’applique à mettre en évidence les résultats de 6 pays : l’Italie, le Royaume-Uni, la Roumanie, la Géorgie, la Chine et le Nigéria. Lors de ce webinaire, un référent par pays a présenté les résultats de l’enquête.
Des canaux informatifs privilégiés
Le système médiatique international présente des émetteurs toujours plus nombreux et de multiples informations quotidiennes. Et la Covid 19 n’y a rien changé. En période de crise, la surcharge d’actualité est apparue comme un frein d’accès à la bonne information et comme un accélérateur à la prolifération de fake news. L’EUPRERA s’est donc intéressée aux différents canaux d’information choisis par les populations pour s’informer sur la crise de la Covid 19.
On remarque très largement que la télévision reste le support d’information le plus plébiscité, puisque 4 pays sur 6, placent la télévision à la première place du palmarès. S’en suivent la presse en ligne qui en Roumanie se place devant la télévision, et les réseaux sociaux, emmenés par Facebook. En effet, Facebook prend la première place des supports les plus utilisés pour s’informer en Géorgie et au Nigéria. A contrario, les Italiens plébiscitent les sites d’institutions publiques, tout comme la Géorgie et la Roumanie. Les sites médicaux, eux, sont peu consultés, aucun des pays ne privilégie ces modes d’information. On voit très clairement ici que les citoyens accordent une grande légitimité aux médias de masse. A l’exception de Facebook, l’étude démontre un rejet des réseaux sociaux, pratiquement absents du classement. La télévision est de loin le support le plus utilisé pour s’informer sur la lutte contre la Covid 19.
Des messages centraux
Depuis le début de la crise, les canaux d’information sont très sollicités et diffusent énormément de messages. Mais, l’abondance et l’hétérogénéité des informations cultivent aussi l’incompréhension des populations. Parmi ces nombreux messages, « Rester à la maison », et « Il faut fermer les frontières » ont été recensées comme étant les informations les plus entendues dans les 6 pays constituant le panel de l’étude. En Roumanie, « Ne croyez pas toutes les informations qui circulent sur le net, le gouvernement est une source fiable » est un des messages phares du gouvernement. Au Royaume Uni, en Italie, en Géorgie et au Nigéria, l’une des informations principales concerne l’hygiène et les gestes barrières. Le contenu des messages demeure pertinent puisque la sécurité sanitaire reste au cœur de l’ensemble des discours.
Le rejet des communications gouvernementales
Dans un contexte de crise tel que celui engendré par la COVID-19, les gouvernements devraient s’illustrer comme étant LA source fiable. Cependant l’ensemble des recherches rapportent des résultats qui entrent en contradiction et nuancent alors cette affirmation.
Les questionnaires diffusés par l’EUPRERA avaient pour objectif de connaître l’avis des citoyens sur la gestion de la communication gouvernementale face au COVID-19. Le constat est quasi unanime parce que, dans des pays tels que la Roumanie, le Royaume-Unis, la Géorgie ou le Nigéria, la grande majorité des répondants affirment n’accorder que peu de crédit aux campagnes de communication des États et par extension aux médias. Toujours en Roumanie, Géorgie et au Nigéria, les sondés partagent la conviction que l’État ne dévoile pas toute la vérité. La communication gouvernementale est alors considérée comme peu convaincante, manquant de clarté : la multiplicité des messages et des supports a participé à la confusion généralisée de la population.
La crise a engendré une méfiance des citoyens face à leur gouvernement. La population est plus réceptive aux informations partagées par des organismes de santé. Ces figures, au cœur de l’action depuis maintenant près d’un an, apparaissent alors comme plus légitimes lorsqu’il s’agit de dresser des bilans ou donner des informations spécifiques concernant le virus et sa propagation.
Les résultats de cette étude internationale mettent en lumière différents constats quant aux manières d’appréhender l’information durant ce temps de crise sanitaire. Malgré une dominance des réseaux sociaux comme moyen de communication, les médias classiques conservent leur légitimité originelle et se hissent au rang de première référence informative. Cette idée est renforcée lorsque l’on sait qu’en France, les trois plus grandes audiences télévisuelles ont été décernées au Président de la République, Emmanuel Macron, lors de ses allocutions concernant les deux confinements (mars et octobre) et le dé confinement en mai dernier. Paradoxalement à la méfiance et à la confusion que celles-ci ont pu susciter, les populations ont compris le contenu essentiel des campagnes gouvernementales.
Pour en savoir plus : https://euprera.org/what-we-do/member-networks/com-covid/
Emma Boutin, étudiante en première année Master Consulting et expertise en communication
Clémence Jan, étudiante en première année Master Stratégie et politique de communication