Charles Prévot, fraîchement diplômé de l’ISIC, et quatre autres confrères ont réussi le pari de réunir plus de 8 000 étudiants autour du premier événement de la communication responsable en France. Mêlant débats et conférences sur Twitch, “Reboot!” est une rencontre digitale à destination des futurs communicants. Bénévoles et étudiants de l’ISIC reviennent sur cet événement.
« Qu’est-ce qu’on fait pour que les choses bougent ? », le 2 février 2021, Charles Prévot, Élodie Herisson, Vincent Moreau, Céline Réveillac et Arnaud Levy, cinq fervents défenseurs de la communication responsable, se réunissent en visio-conférence pour imaginer une solution. Très vite, ils décident d’organiser un événement à destination des étudiants. « On a constaté qu’il fallait former les étudiants à une communication prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux dans les écoles parce que les boîtes sont engluées dans leurs problématiques », raconte Arnaud Levy, co-fondateur de la coopérative de développeurs engagée Noesya et maître de conférences associé à l’IUT Bordeaux Montaigne. « Nous ne savions pas sur quel outil nous allions le faire, quelle forme prendrait-il ni même qui participerait mais nous avions la profonde intuition que nous devions le faire », complète t-il, avec conviction. Les dates sont fixées. Reboot! 2021 se tiendra le 30 septembre et 1er octobre en visio-conférence.
“ 2 jours pour hacker les métiers de la com ! ”
Pendant deux journées, plus de 67 speakers ont participé à balayer très largement les thématiques d’inclusion, de RSE, d’urgence climatique, de nudge, de sexisme dans la publicité, de greenwashing ou encore de responsabilité éthique. Tout ça en live sur Twitch. Reboot, c’est une rencontre digitale entre professionnels de la communication responsable et étudiants en communication. L’objectif est d’éveiller les futurs communicants à la démarche de communication responsable, qui consiste avant tout à repenser le positionnement d’une organisation pour l’orienter vers des sujets d’intérêt général comme l’environnement ou l’impact social. « Il faut agir au niveau des écoles, c’est certainement le meilleur endroit pour faire bouger les lignes. Les étudiants peuvent faire changer les usages communicationnels dans les entreprises », affirme Arnaud Levy, serein.
32 heures de live Twitch et 8 170 étudiants connectés
Jeudi 30 septembre 2021, 9h. Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d’Avenir, Élodie Herisson, directrice associée de l’agence Rose Primaire et Charles Prévôt, ancien iscien désormais président du studio plutot.cool, lancent la première édition de Reboot!. Au total, ce sont 61 écoles de toute la France et pas moins de 8 170 étudiants qui ont répondu présents sur les deux journées. Au programme, pitch, workshop, talk ou débat disponibles sur Twitch et retranscrit sur le site de Reboot!. “Sexisme et publicité”, “Cours de communication responsable”, “Publicité & médias : responsables, mais coupables ?”, “Éco-conception de site web” : Libre aux étudiants de choisir quelles thématiques ils souhaitent suivre. En parallèle, depuis l’Université Bordeaux Montaigne l’événement est suivi par dix étudiants de l’IUT MMI, en gestion de la récupération des flux et de la diffusion de l’événement sur Twitch dans le cadre d’un projet encadré.
Après quelques explicatifs sur le déroulé de l’évènement, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n° 1 du GIEC, replace le contexte et les enjeux actuels, en guise d’introduction : « On montre que les changements climatiques récents sont généralisés, ils vont du haut des montagnes jusqu’au fond de l’océan, ils sont rapides et ils s’intensifient dans toutes les régions du monde. Si on regarde l’ampleur et la vitesse des changements à l’échelle planétaire, c’est vraiment quelque chose d’inédit et sans précédent depuis des millions d’années ».
« Il faut vraiment travailler sur des notions profondes, culturelles qu’il va falloir modifier peut-être en mobilisant de nouveaux outils (ndlr : des labels de certification de site électriquement vert par exemple) ». Comme Laurie Marrauld, maître de conférence à l’École de Hautes Études en Santé Publique, spécialistes, communicants, avocats, journalistes, tous ont convergé vers l’espoir d’éveiller les futurs professionnels. Au lendemain de l’événement, c’est riche d’informations connues ou découvertes et investi d’une importante mission que chaque étudiant a repris le chemin des écoles ou universités. « Je n’avais jamais envisagé la communication sous l’angle de l’éco-responsabilité, les intervenants m’ont fait comprendre à quel point c’est important d’y songer », rapporte un participant dans le sondage de satisfaction réalisé post-événement.
Un événement co-construit pour sensibiliser les étudiants
« Ce programme est un rêve, qui se concrétise progressivement. Tout le monde peut intégrer qui il veut, et contacter qui il veut ! […] » Voici la promesse du Google Doc, “Programme de rêve” créé par le noyau de cinq et partagé publiquement. « Chacun faisait ce qu’il voulait et curieusement, ça a fonctionné. Nous nous sommes tous occupés de morceaux différents, par exemple Élodie et Céline se sont chargées de la relation avec les écoles et moi de la création du site internet. » Progressivement, l’événement s’est structuré, a pris de l’ampleur et de nouveaux bénévoles sont venus contribuer via des missions de mailing, contact avec les écoles, recherche de partenaires, organisation technique, etc. « La réussite d’un tel projet passe par “l’effet boum”, il nous fallait de la visibilité. », affirme Charles Prévôt. Grâce au soutien, gracieux, de l’ADEME, l’INR, de l’UNRIC et de 48 autres partenaires engagés, Reboot a obtenu le crédit nécessaire pour attirer de nombreuses écoles. « Nous avions fixé que tout serait gratuit, ouvert, en open source, creative common et sans rapport hiérarchique. », explicite Arnaud.
À l’approche de l’événement, c’est la plateforme Twitch qui a été choisie comme outil technique : « Nous avons évalué les solutions de streaming vidéo pour trouver la plus éco-responsable. Malheureusement, il n’en existe pas donc on s’est dit qu’on allait le faire sur Twitch puisque ça parle aux étudiants. Il y a une connotation moderne et détendue » ajoute Arnaud.
À l’ISIC, 10 étudiant(e)s préparent Reboot! 2022
Depuis septembre, Marion Cuvillier, étudiante en master 1 Stratégie et Politique de communication à l’ISIC, est cheffe de groupe d’un collectif de dix étudiant(e)s isciens/isciennes travaillant en collaboration avec Reboot!. Encadré par Charles Prévôt, ce groupe de travail fait partie des 4 projets tutorés (ndlr : pôle production, pôle diffusion, pôle évènemanquables et pôle Reboot) proposés aux étudiants de première année. « Nous nous sommes occupés de récolter les impressions dans les écoles via des sondages, recueillir des données de KPI et les analyser puis de rédiger un dossier de presse pour capitaliser sur la réussite de la première édition », raconte t-elle fièrement.
« C’est un projet valorisable dans mon futur professionnel. La communication responsable, on ne peut plus y échapper. Le numérique a tellement d’impact, ce n’est pas possible de fermer les yeux. », insiste Julie Helderlé, étudiante en master 1 Consulting et Expertise en communication, consciente de la responsabilité qu’elle porte en tant que future communicante. Étudiants et bénévoles préparent activement, en coulisses, la prochaine édition de Reboot probablement prévue en octobre 2022. « Nous espérons que les écoles auront envie de s’impliquer de nouveau et que de nouvelles intégreront l’événement. Nous réfléchissons actuellement au modèle du prochain Reboot ! La porte est complètement ouverte aux étudiants et autres personnes qui ont envie d’intégrer l’aventure et partager des idées », livre Arnaud.
Varier les sujets, modifier les angles, changer les intervenants, la multitude de perspectives laisse un bel avenir à Reboot. « L’intention de Reboot n’est pas tant d’exister toute la vie mais peut-être d’essayer d’éveiller les consciences d’un maximum d’écoles pour que demain ces sujets soient traités dans les programmes scolaires », conclut Charles Prévôt, conscient que l’avenir se créé dans les écoles et universités.
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Par Hélène COUSSEAU