Le 9 mars 2025,  a eu lieu la dernière conférence issue du cycle de séminaires COS “Communication, Organisation et Société” du MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts), le laboratoire de recherche en Sciences de l’information et de la communication et en Arts de l’Université Bordeaux Montaigne.
Bruno Chaudet, Professeur des Universités à Rennes 2 a exploré les liens entre les grandes machines du passé et les technologies numériques actuelles. En s’appuyant sur son ouvrage De la méga machine aux machines numériques, il a alors expliqué comment les évolutions influencent notre manière de vivre et de travailler.

Le rôle des machines dans notre société

1) Une société structurée par les algorithmes

Bruno Chaudet a d’abord abordé la manière dont la société moderne repose de plus en plus sur les calculs et les algorithmes. Aujourd’hui, tout devient mesurable, prévisible et optimisé grâce aux technologies numériques. Cette logique, loin d’être nouvelle, s’inscrit dans une continuité historique. Lewis Mumford avait déjà introduit la notion de « méga machine », une organisation où tous les aspects sociaux, politiques et économiques sont structurés autour de la rationalisation et du contrôle. Aujourd’hui, cette logique se poursuit avec les machines numériques, qui renforcent et accélèrent ces processus. Ainsi, la société devient de plus en plus dépendante de la collecte et du traitement des données.

2) Une influence sur notre façon de penser

Un autre point fort de la conférence a été l’influence des machines sur notre manière de penser. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elles ne sont pas de simples outils extérieurs, mais de véritables institutions comparables au langage. Elles structurent notre rapport au monde et influencent nos décisions. Bruno Chaudet met en garde contre un renversement : l’humain pourrait finir par adopter une manière de penser semblable à celle des machines. Cette idée rejoint les travaux d’André Leroi-Gourhan, qui considère que l’homme et la technique sont indissociables.

3) La question de la prédiction et de la cybernétique

La question de la prédiction a également été abordée à travers la cybernétique. Norbert Wiener, père de cette discipline, a introduit la notion de feedback, qui permet aux machines de s’adapter et d’anticiper les actions futures. Ainsi, les systèmes informatiques ne se contentent plus d’exécuter des tâches, mais optimisent en permanence les processus, influençant nos comportements et nos choix.

Une influence grandissante sur nos décisions

Dans le domaine des entreprises, cette rationalisation par les machines occupe une place centrale. Hélène Vérin explique que le monde de l’entreprise repose sur une logique de calcul, amplifiée par les avancées numériques. Dès les années 1930, Alan Turing et John Von Neumann ont développé des modèles informatiques capables d’automatiser la prise de décision. Ces innovations ont mené à la création d’algorithmes complexes qui gèrent aujourd’hui de nombreux aspects de notre société, du commerce à la politique.

Conclusion : Entre continuité et questionnements

Bruno Chaudet souligne que les machines modernes ne constituent ni une rupture totale avec le passé, ni une simple évolution. Elles prolongent et amplifient des logiques existantes, notamment celles visant à réduire l’incertitude et à rationaliser nos activités. Toutefois, malgré ces avancées, une part d’imprévu subsiste, rappelant que la prédiction parfaite n’existe pas. Cette réflexion ouvre ainsi le débat sur les limites et les défis posés par l’évolution des technologies numériques et leur place dans notre société future.

 

Julie MARTIN
M1 – Promo 2026