Peut-on continuer à étudier en France quand on est en situation d’exil ? C’est pour répondre à cette problématique que l’UBM, par le biais du DEFLE* a mis en place une formation diplômante. Le DU Tremplin, plus qu’un diplôme, c’est le point de départ vers une nouvelle vie qui peut se construire à l’ISIC. Sous le regard de la directrice du DEFLE, Linda Lawrance, retour sur les raisons de la mise en place de ce diplôme et des péripéties qui l’ont entouré.
Le DU Tremplin de l’Université Bordeaux Montaigne est la déclinaison locale d’un DU « passerelle » national mis en place par le réseau Migrants dans l’Enseignement Supérieur dont fait partie l’Université Bordeaux Montaigne. Ce dernier s’adresse aux personnes en exil ayant le baccalauréat. Il comprend des cours de français, des activités culturelles, un accompagnement socio-professionnel et une aide à la reprise d’études en France.
Contrairement aux autres DU, ce diplôme est habilité par le ministère et ouvre tout comme la licence, le master et le doctorat, des droits aux bourses du CROUS pour les bénéficiaires de la protection internationale de moins de 28 ans.
Le nombre de places étant limité Linda Lawrance précise que “l’âge, le projet de poursuite d’étude et la motivation sont des éléments qui sont pris en compte lors de la sélection des étudiants”.
La genèse du diplôme universitaire Tremplin
Pour Linda Lawrance, tout a commencé en 2017, période durant laquelle les premiers étudiants exilés ont été accueillis. Le conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine de concert avec Bordeaux Métropole ont automatiquement soutenu l’initiative. Comme le Conseil régional n’a pas vocation à financer de façon pérenne une formation, la Directrice du DEFLE et son équipe se sont alors tournés vers d’autres organismes. Aujourd’hui c’est le fond de soutien européen et Bordeaux Métropole qui appuient financièrement la continuité de la formation avec, pour seule réserve, d’avoir des papiers en règle. Bien que l’objectif premier du DU Tremplin reste l’apprentissage et la maîtrise de la langue française, le DEFLE peut aussi accompagner les apprenants dans certaines démarches administratives.
Difficultés liées à la pandémie
La crise sanitaire, en plus d’avoir impacté la formation au niveau des financements a exposé au grand jour les difficultés des apprenants à suivre les cours en dehors de l’établissement. “Beaucoup d’entre eux ne pouvaient pas étudier chez eux car n’ayant pas le matériel nécessaire et ne vivant pas dans de bonnes conditions (logements précaires allant jusqu’à une tente sous un pont ou une voiture). “ Pour palier au manque de matériel nous avons cherché des entreprises qui pouvaient nous vendre des ordinateurs reconditionnés pour les mettre à disposition de nos étudiants”, affirme la Directrice, non sans une pointe de satisfaction légitime.
Des étudiants aux multiples provenances
Aujourd’hui, malgré les difficultés, ce sont donc 58 étudiants venant d’horizons divers qui suivent la formation. En provenance des pays tels que le Yémen, l’Iran, l’Irak, l’Ukraine et du continent africain entre autres, les étudiants ont chacun un parcours migratoire et un système d’apprentissage antérieur différent. “Le taux de réussite est excellent et nous avons des anciens de la formation qui sont à Science Po, en informatique, en école d’ingénieur, en œnologie… Les étudiants, s’ils ont le niveau et les équivalences peuvent sans problème intégrer d’autres formations”, souligne Linda Lawrance avec une révérence complice pour l’ISIC.
DEFLE : Département d’Études de Français Langue Étrangère
Eunice Eliazar
Aissatou Ba
#ISIC #DEFLE #EXIL #REPRISED’ETUDE #DUTREMPLIN #UBM