Le mardi 11 mars 2025, le groupe des conférences 24 / 25 à fait valoir sa « carte blanche » ! Les étudiants ont proposé de s’intéresser au secteur de l’événementiel responsable. Il est vrai que, récemment, l’événementiel fait face à un tournant décisif : concilier organisation de manifestations & impératifs écologiques !
- Jade Vincent, co-fondatrice de l’agence Rose Primaire
- Erwan Lecoeur, sociologue au GRESEC
Quand / elle & il / reviennent sur ce vrai défi !
A noter / La participation amicale de Nathalie Pinède, Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Michel de Montaigne, également vice-présidente déléguée en charge du Handicap et de l’Inclusion. Elle est membre du laboratoire MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts – UR 4426). Elle a récemment co-dirigé un ouvrage, Fractures corporelles, fractures numériques. De l’accessibilité aux usages (MSHA, 2021)… Elle a tenté pour nous de rapprocher #inclusion, #handicap et #publics au monde de l’événementiel. Une belle manière de souligner le S, sociétal & social, de la RSE, encore trop souvent oublié.
On retiendra :
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- Des « standards » d’accessibilité et des spécificités de la communication événementielle multidimensionnelle : numérique / physique et une temporalité particulière (avant – pendant – après l’événement).
- Une approche inclusive avec une prise en compte de l’accessibilité : une responsabilité individuelle et sociale globale à intégrer dans toutes les pratiques et toujours à défendre, car non acquise pour le moment
- Une approche systémique de la « responsabilité » dans la communication événementielle : environnementale / éthique / inclusive (prise en compte de toutes les diversités).
- Au delà des normes et des lois, penser à respecter toutes les altérités.
- à lire / Nathalie Pinède nous conseille d’ailleurs le guide « Toutes les clés de l’accessibilité événementielle » publié par l’Association ADITUS, en décembre 2011, pour rendre les manifestations pleinement accessibles à toutes les personnes quelle que soit la nature de leur handicap.
- à lire / Depuis un autre ouvrage de l’ADEME fait référence à savoir : « Le guide de la communication responsable » publié en 2022 : il analyse des enjeux, conseils pratiques et avis d’experts pour pouvoir accompagner efficacement tous les professionnels de la communication et du marketing sur la voie d’une transition écologique indispensable et désirable. Et pour ne pas perdre le fil de la communication responsable, consultez le site dédié.
Un secteur en tension : des chiffres qui interpellent…
Dès les premières minutes, le ton est donné : « L’événementiel pèse lourd dans l’empreinte écologique ! » rappelle Jade Vincent. Selon l’Ademe – agence de la transition écologique -, une manifestation de 5000 personnes engendre en moyenne 2,5 tonnes de déchets et consomme en moyenne 1000 kWh d’énergie. Des chiffres vertigineux, qui soulignent l’urgence de revoir les pratiques.
Face à ce constat, l’événementiel responsable émerge comme une alternative nécessaire pour : « … Ne plus simplement compenser, mais réduire, anticiper et réinventer » martèle Erwan Lecoeur, mettant en perspectives 3 grandes phases de cette évolution :
- 2005-2012 : La prise de conscience avec les premières initiatives de tri et de compensation carbone.
- 2012-2020 : L’institutionnalisation avec la norme ISO 20121 et l’engagement d’événements tels que les J.O – Londres 2012.
- Depuis 2020 : L’innovation et la maturité avec des solutions plus systémiques : digitalisation, écoconception et inclusion.
Londres 2012, précurseurs de l’évènementiel vert
©2012/International Olympic Committee (IOC)/HUET, John
L’équilibre fragile entre engagement et greenwashing :
Les interventions ont mis en lumière un paradoxe récurrent : à l’heure où de nombreux organisateurs adoptent une communication « verte », comment s’assurer que celle-ci repose sur des engagements réels et non sur quelques leviers de marketing environnemental ?
Erwan Lecoeur dénonce 3 types de dérives fréquents :
- L’écoblanchiment technique, qui met en avant des actions isolées sans impact global.
- La spectacularisation écologique, où le décor vert masque une absence d’actions concrètes.
- L’ « événementialisation » des enjeux climatiques, qui transforme la sensibilisation en simple opération de communication.
Pour éviter ces pièges, plusieurs outils existent : la norme ISO 20121, les labels indépendants (LEAD, Green Globe) et des méthodes plus transparentes d’évaluation environnementale. « Un événement responsable, c’est avant tout un événement sincère, » conclut Jade Vincent.
Quel avenir pour l’événementiel responsable ?
Les interventions ont souligné une question cruciale : comment aller encore plus loin ?
Les réponses ont fait émerger trois soutiens majeurs :
- L’économie circulaire : mutualisation des infrastructures, limitation des déchets, recyclage innovant.
- L’inclusion sociale : accessibilité universelle, équilibre territorial, chantiers d’insertion.
- L’optimisation numérique : IA pour optimiser la logistique, digitalisation des supports.
A noter / Le « Grand Défi Écologique » de l’ADEME en 2024 a été cité en exemple :
alimentation 100 % locale / scénographie réutilisable / neutralité carbone. Voilà une approche qui pourrait inspirer de nombreux événements.
Si l’événementiel responsable a fait du chemin, il reste encore de nombreux défis à relever. Les prochaines années devront voir émerger : l’intégration des outils d’IA ; l’obligation de clauses RSE dans les appels d’offres ; et le développement d’indicateurs hybrides pour mieux mesurer l’impact réel des initiatives.
« L’événementiel responsable n’est pas une tendance, mais bel et bien un passage obligatoire, » conclut Erwan Lecoeur.
Rendez-vous en 2026 pour voir si les promesses d’aujourd’hui deviennent les réalités de demain !
Julie MARTIN
M1 – Promo 2026